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Sunday, March 27, 2011

A Nogent sur Seine, on vit avec la centrale...

Plus de six mille personnes résident à Nogent sur Seine. Il fait bon vivre dans cette commune située à moins de dix kilomètres de la Seine-et-Marne. Au sud-ouest s'étend la Bourgogne. Il y a moins à parcourir pour aller à Sens qu'à Troyes, la préfecture de l'Aube distante d'une cinquantaine de kilomètres. Les 'Transiliens' trains pendulaires de la région parisienne, relient Nogent et Paris en une heure. Beaucoup de Franciliens ont décidé de s'installer dans la ville ou à proximité : les villages périphériques augmentent régulièrement : Marnay-sur-SeineSaint-Aubin, Fontaine-Mâcon, La Motte-Tilly ou Le Plessis Mériot. Bois et bosquets truffent le paysage d'openfield. L'arbre progresse au détriment d'une céréaliculture qui a sans doute connu son heure de gloire. L'exode rural appartient pourtant au passé dans cette partie occidentale du département de l'Aube. Être en bordure de région parisienne ne présente pas que des aspects positifs. Les petites cités dortoirs accueillent des actifs qui - s'ils travaillent à Paris - perdent entre deux à trois heures dans les transports. Ils n'ont vraisemblablement pas le choix, mais cela est une autre histoire ['L'idéal de la hutte'].
Nogent-sur-Seine et sa communauté de communes proposent en effet à ses habitants les services d'une ville de taille moyenne. Car la centrale nucléaire toute proche leur reverse une part substantielle de ses taxes professionnelle (36 millions d'euros) et foncière (8 millions), le reste étant distribué aux département de l'Aube et à la région Champagne-Ardennes. Grâce à cet apport financier, les Nogentais jouissent d'une qualité de vie rare : des associations, une offre de loisirs pour les jeunes, deux salles de cinéma, une piscine municipale, des stades et terrains de tennis, sans oublier un musée consacré à Camille Claudel. Créé en 1902, celui-ci abritait des oeuvres d'artistes de l'entourage plus ou moins proche de la sculptrice. Pour justifier le lien entre le musée et l'artiste qui y a vécu trois ans après la guerre de 1870, la mairie a acquis plusieurs œuvres de Camille Claudel, parmi lesquelles "Persée et la Gorgone" en 2006. Nul doute que les atouts muséographiques de Nogent aient séduit les mécènes autant que la force financière de l'acheteur. Faut-il pour autant reprocher à Nogent-sur-Seine d'utiliser l'argent versé par EDF ? L'opposition municipale critique le maire inamovible depuis 1989, mais pas la centrale.
Près de mille employés et intérimaires travaillent sur le site, logent à proximité, ont inscrit leurs enfants dans les écoles et participent à la vie sociale et économique du canton. Il ne s'agit pas ici de provoquer d'inutiles inquiétudes. Dans un précédent 'papier' consacré à la centrale nucléaire de Fessenheim, j'ai abordé la question du risque d'accident lié à une production électrique potentiellement dangereuse et source de pollution radioactive ['Donner sa langue au chat alsacien']. Le sud de la Champagne présente toutefois une stabilité sismique inexistante au sud de la plaine d'Alsace. Au cœur du bassin parisien, la terre peut il est vrai trembler, même si à l'échelle historique, aucune chronique ne relate de catastrophe majeure. La donnée de référence pour la centrale est un séisme remontant à 1580, avec un épicentre à 180 kilomètres de distance, dont la puissance a été multipliée par deux. En outre, faute de confluence ou d'un environnement montagneux propice à la concentration des précipitations, le risque de crue est modéré. Les inondations de Paris en 1910 incitent néanmoins à rester prudent ['Prendre un Paris, celui de 1910'] et à ne pas négliger cette menace.
Hervé Maillard, le directeur de la centrale de Nogent a fort opportunément accepté de répondre aux questions de L'Union le 15 mars. L'actualité japonaise a justifié cette interview. Hervé Maillart s'exprime d'abord sur ce sujet, rappellant les différences entre les installations, les lieux et les événements. Il explique ensuite que la surélévation de la plate-forme sur laquelle est installée la centrale prend en compte les crues de la Seine. Pour Hervé Maillard, la catastrophe japonaise apportera son lot d'enseignements, avec des perfectionnements probables si ce n'est attendus. En dehors de toute actualité, la centrale reçoit la visite régulière d'inspecteurs, et subit des travaux d'entretien ou de renforcement : amélioration des liaisons électriques, de la protection contre les infiltrations par les eaux de pluie, etc.
« On travaille à l'amélioration permanente des procédures. L'ensemble du personnel bénéficie de 80 000 h de formation chaque année. Nous procédons aussi à des investissements. L'an dernier nous avons déboursé 15 millions d'euros lors de la visite décennale pour réaliser des modifications sur nos systèmes de refroidissement, la disponibilité des informations en salle de commande… Quel dispositif est prévu en cas de crise ? La préfecture gérerait tout ce qui se passe en dehors de la centrale, en mettant en place le plan particulier d'intervention. De notre côté, on déclencherait un plan d'urgence interne. On s'entraîne six fois par an et on a des exercices en taille réelle avec la préfecture une fois tous les trois ans (ndlr : le dernier date de mai 2008). [Questions de Laurianne Perman] »
Le directeur de la centrale ne cherche pas à nier les fragilités de son installation. Il détaille les risques et les parades potentielles. Cela ne découragera pas les plus hostiles au nucléaire. Car l'imprévisible porte bien son nom. Une catastrophe comme celle de Tchernobyl n'a résulté ni d'un tremblement de terre, ni d'une inondation. Un accident d'avion ou l'explosion d'une bombe pourraient également provoquer de graves dommages. De ce point de vue, l'interview d'Hervé Maillard tranche quand même avec la réalité géographique exposée un peu plus haut. D'un côté, EDF prend au sérieux sa charge d'exploitant, de l'autre la population ramène le risque d'accident à peu de choses. Ceux qui craignent une irradiation peuvent toujours s'éloigner de la centrale.



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